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News on migration and asylum from around the region - Nouvelles de la région sur les questions de migration et d'asile

Friday, February 13, 2015

[MAROC] Yabiladi: L'accord de réadmission est « impopulaire mais dans l’intérêt du Maroc », selon Rupert Joy [Interview]

5 février 2015

Rupert Joy, ambassadeur de l’Union européenne au Maroc, a réalisé hier, mercredi 4 février, sa conférence de presse annuelle traditionnelle à Casablanca. Yabiladi a pu l’interroger sur la politique de l’Union européenne au Maroc concernant les migrants qu’ils soient Marocains en Europe ou Subsahariens au Maroc. En tête des préoccupations : l’accord de réadmission. 
Yabiladi : Comprenez-vous que le partenariat pour la mobilité soit vu d’un si mauvais œil par beaucoup de Marocains et perçu comme un échange donnant donnant?
Rupert Joy : Cet accord n’est pas populaire au Maroc, je le sais. A la question est-ce que l’accord de facilitation de la délivrance des visas est une contrepartie offerte au Maroc pour la signature de l’accord de réadmission, je réponds oui … mais je préfère parler d’un accord global équilibré pour les deux parties.
Beaucoup de choses sont mal comprises. D’abord, dans les faits, cet accord restedifficile à utiliser parce qu’il y a toute une procédure à suivre pour respecter les droits de l’Homme. Je pense aussi que cet accord est dans l’intérêt du Maroc car il aura un effet dissuasif. Je sais que le nord du Maroc vit une situation difficile, avec des milliers de migrants subsahariens qui cherchent à passer en Espagne. Je pense que cet accord découragerait les migrants, que le Maroc serait moins vu comme un pays de transit idéal sur le route de l’Union européenne.

L’Union européenne est très consciente de la complexité du phénomène migratoire, en particulier la nouvelle équipe de la commission [Jean-Claude Junker a été élu président de la Commission européenne en juillet 2014, ndlr]. Je ne pense pas que l’on puisse y apporter une seule réponse. Il faut à la fois décourager l’immigration irrégulière et encourager les migrations légales. Il faut surtout travailler sur le développement des pays de départ pour que les gens ne souhaitent plus les quitter. [ndlr : Une proposition contredite par bien des études contemporaines. Elles montrent que les pays en développement sont les premiers pourvoyeurs de migrants, et non les pays pauvres.]