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Thursday, November 20, 2014

[CAMPS] Nouvelobs: Actualité > Bibliobs > Essais > Réfugiés, déplacés, migrants: la planète des camps Réfugiés, déplacés, migrants: la planète des camps

9 novembre 2014

«Il faut rendre les camps célèbres...», proclame en préambule l'anthropologue Michel Agier. Après un instant de surprise, le mot d'ordre s'impose. S'il y a un point commun qui relie les différents types de camps contemporains - du camp de réfugiés aux centres de rétention administrative -, c'est le manque de visibilité. Le camp est à l'écart, loin des centres-villes et des voies de communication, on ignore qui y réside, on en parle peu.
Qui songerait à s'y rendre en visite ? En fait, tout est fait pour que ces lieux aient le moins d'existence possible. Tel ce camp de Dadaab ouvert en 1992 dans l'est du Kenya, qui accueille 450.000 réfugiés somaliens, soit quasiment la population de Lyon, et qui n'apparaît nulle part sur les cartes officielles.
C'est cette réalité aussi massive que masquée que vient dévoiler «Un monde de camps», ouvrage collectif dirigé par Michel Agier. «Les camps sont une réalité d'après guerre froide», souligne ce dernier. Certes, le camp, défini comme le fait d'enfermer et de priver de droits des personnes n'ayant commis aucun délit, ne date pas d'hier. L'expression «camp de concentration» voit le jour à la toute fin du XIXe siècle lorsque les Anglais confinent dans des villages de tentes un quart des Boers (principalement les vieillards, les femmes et les enfants).
Dans les années 1930, les régimes totalitaires ont transformé le camp d'enfermement en camp de la mort. Plus tard, les guerres postcoloniales ont jeté sur la route des millions de civils que la communauté internationale a regroupés dans des camps de réfugiés.
Aujourd'hui, la cartographie des camps reflète la géopolitique mondiale: au sud, des camps de réfugiés et de déplacés ; au nord, des centres de détention où l'on enferme les sans-papiers ; dans l'entre-deux, des campements à demi sauvages pour ceux qui tentent le grand passage. Quant aux pays émergents, ils ouvrent des camps de travailleurs qui apportent leurs bras aux immenses chantiers.