Des expulsions
illégales viennent ternir le premier anniversaire du changement de politique
migratoire
Les autorités de la ville de Tanger (Nord
du Maroc) ont procédé à plusieurs arrestations dans la nuit du 29 au 30 août et
les jours suivants, à la suite de l’assassinat du ressortissant sénégalais,
Charles Paul Alphonse Ndour et des manifestations qui ont suivi cet acte odieux.
Le lundi 1er septembre, au moins
vingt-cinq personnes originaires d’Afrique subsaharienne ont été poursuivies
pour participation à une manifestation ‘non déclarée’ et condamnées à un mois
de détention avec sursis ainsi qu’à une amende de 1000 DH (90 euros) chacun.
Elles avaient un délai de dix jours pour interjeter appel devant le Tribunal de
première instance de Tanger. Cependant, elles ont été directement reconduites
le jour même de Tanger vers l’aéroport Mohammed V de Casablanca pour être
éloignées du territoire marocain.
Le mardi 02 septembre au soir, 19 personnes[1] avaient été
effectivement expulsées vers la ville de Dakar au Sénégal et seul, un
ressortissant sénégalais, d’ailleurs en situation régulière, a été libéré vers
23h.
Le mercredi 03 septembre, cinq
ressortissants camerounais, un Nigérian ainsi qu’un Nigérien, étaient toujours
à l’aéroport et subissaient des pressions diverses pour signer des
« documents » en arabe sans traduction avant d’être expulsés.
Parmi eux, épuisé, un mineur de 17 ans a fini par signer ces documents et a été
expulsé vers une destination que nous n’avons pas pu déterminer.
Les 6 autres personnes sont toujours à
l’aéroport et ont entamé une grève de la faim pour « protester contre le
non-respect des droits de l’Homme et de la décision de justice » les
concernant.
Le GADEM déplore la réaction des autorités
marocaines, qui cherchent à éloigner des témoins potentiels du meurtre de
Charles Ndour comme cela a été le cas pour celui de Moussa Seck[2], au lieu d’assurer
la protection de personnes particulièrement vulnérables, ayant des attaches
familiales au Maroc et souvent victimes de harcèlement et d’agressions
racistes.