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Un bateau de la garde civile espagnole à proximité d'Almeria, en octobre 2009 - AFP/Joel Saget |
L'agence Frontex, chargée de surveiller les frontières extérieures de l'UE, pourra bientôt intervenir dans les eaux internationales et refouler en toute légalité les réfugiés où bon lui semble. Un progrès pour les migrants ?
Ce qu'il y a de bien en haute mer, c'est que chacun peut y faire comme bon lui semble. C'est en tout cas ce que semble croire l'UE. On ne peut expliquer autrement que les gardiens de ses frontières s'apprêtent à entrer en action dans les eaux internationales. Stopper, contrôler et fouiller les bateaux de réfugiés, arrêter leurs passagers et les conduire en des lieux où ils ne veulent pas aller. Voilà ce que Frontex [l'Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l'UE] sera habilitée à faire dans quelques semaines, comme si elle était chez elle.
Ce qui pourrait en d'autres circonstances entraîner de lourdes conséquences diplomatiques semble ne poser aucun problème quand il s'agit de bateaux de réfugiés - après tout, ils ne peuvent pas se défendre. Ainsi la liberté de mouvement des uns représente une paire de menottes pour les autres. L'UE est en expansion. Tant mieux pour tous ceux qui bénéficient de la liberté de circulation.
Cela étant, plus l'Union s'agrandit, plus elle prend de libertés pour défendre ses frontières extérieures. Certes, arrêter les réfugiés et les reconduire dans les pays d'où ils viennent n'a rien de nouveau. Mais jusqu'à présent, c'était plutôt le fait de quelques Etats membres dotés de frontières maritimes - l'Italie, l'Espagne, la Grèce. S'ils enfreignaient ainsi le droit européen, ils ne s'en souciaient guère - bien que la Cour de justice de l'Union européenne ait accordé partiellement des droits à indemnisation aux réfugiés.