Le 3
octobre 2013, un chalutier transportant cinq cent réfugiés venant pour
majorité de l’Erythrée et de la Somalie tombait en panne à deux kilomètres de
l’île italienne de Lampedusa. Espérant alerter les secours, un passager mit le
feu à une couverture. Le bateau s’embrasa, certains passagers sautèrent dans
l’eau, d’autres se ruèrent sur l’un des côtés du navire, qui se retourna. Cette
tragédie, qui fit plus de trois cent soixante morts, fut largement relayée
dans les médias. Jamais on n’avait autant parlé des risques pris – et des drame
vécus – par tous ces réfugiés qui cherchent à gagner l’Europe au péril de leur
vie.
Une
équipe de journalistes européens révèle aujourd’hui que plus de vingt-trois
mille hommes, femmes et enfants sont « morts aux frontières »
de l’Europe, depuis l’an 2000, soit plus de 50 % de plus que les estimations dont on disposait
jusqu’alors.
Pendant des
mois, ils ont cherché à vérifier (« fact-checker ») les deux bases de données
de référence en la matière : celle d’United, qui fédère plus de cinq cent
cinquante organisations non gouvernementales (ONG) européennes, et Fortress
Europe, créée par un journaliste italien, Gabriele del Grande.