Agressions, humiliations, vols… des dizaines de clandestins subissent la violence des gardes-côtes aux abords de l’enclave espagnole de Melilla.
04.11.2012. On entend d’abord le plic- ploc de l’eau qui s’égoutte le long de la paroi rocheuse. Il faut cligner des yeux à plusieurs reprises avant d’apercevoir deux silhouettes allongées dans la pénombre. A l’extérieur, s’étend la forêt de Gourougou, près de Nador. Des milliers de sapins accrochés à la colline et une vue imprenable sur la mer Méditerranée et l’Espagne qui se trouve 4 kilomètres plus bas, sous la forme de la petite enclave de Melilla. Une forteresse grillagée en terre marocaine. Inaccessible. A l’intérieur de la grotte, une bâche en plastique et deux couvertures. Moussa, 28 ans, et Denis, 17 ans, tous deux Camerounais, sont étendus là depuis huit jours. Le premier a le tibia gauche fracturé enserré dans des bandages, le second a le genou défoncé, des points de suture à la main et au bras gauche. Tous deux sont catégoriques : ce sont les gardes-frontières marocains qui les ont frappés jusqu’à casser leurs os après qu’ils aient tenté d’escalader les barrières hautes de 7 mètres qui séparent le Maroc du résidu espagnol.