[Photo dans le même article – balkans.courrier.info, 27/11/2012 –
Image dr]
27.11.2012. « Nous allons partir vers 4 heures du matin. Une montagne, une
autre, puis encore une autre, et enfin, le Kosovo ». Kikou (voir son itinéraire
sur notre carte),
23 ans, est arrivé il y a quelques heures dans le village macédonien de Lojane.
Ce jeune Algérien, sur les routes depuis quatre mois, a rejoint la Turquie en
avion, puis un passeur lʼa conduit en Grèce. Entré en Macédoine près de
Gevgelija, il a traversé tout le pays à pied, avalant deux cents kilomètres en
dix jours, contournant les agglomérations, avançant la nuit. « Il faut se
déplacer en cachette. Une fois, jʼai demandé de lʼeau dans une ferme isolée,
lʼhomme a appelé la police ».
Kikou a transité plusieurs mois en Grèce, vivant de petits boulots. « Les
policiers grecs, ce sont les pires, ils m’ont pris tout mon argent. J’ai été
condamné à un an de sursis pour un crime que je n’avais pas commis, j’ai été
battu ». Plusieurs fois arrêté, il a passé plusieurs semaines en prison, à
quinze dans une cellule. « Quand les gardes savaient qu’une ONG venait visiter
la prison, nous étions transférés dans une autre ville ». Kikou a finalement
reçu un document le sommant de quitter le territoire grec et l’espace Schengen
dans les trente jours.
À la
frontière entre la Grèce et la Macédoine, Kikou a rencontré deux autres
Algériens. Depuis, ils marchent ensemble. Le long chemin vers lʼEurope
occidentale se fait ainsi : des amitiés d’infortune au hasard des étapes, qui
se dénouent quand les chemins bifurquent, quand certains sont arrêtés ou
meurent.
