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News on migration and asylum from around the region - Nouvelles de la région sur les questions de migration et d'asile

Wednesday, November 07, 2012

[France] - Libération - A Calais, un jour d’errance avec Osmane


[Photo appartenant au meme article - copyright libération.fr, 4/11/2012- Photo Aimée Thirion]

05.11.2012. Jeudi, 18 heures, à la «distrib», l’aire des repas pour les migrants de Calais, sous les auvents d’un parking entouré de grilles, près du port. Osmane, bonnet bleu sur la tête, rit, gêné. Ce boulanger de 32 ans, Soudanais du Darfour, a accepté qu’on le suive vingt-quatre heures dans sa vie de sans-abri migrant de Calais, mais on tombe mal : son squat, une maison en ruine, vient d’être visité par la police. Osmane se gratte la tête : «Ce soir, il vaut mieux éviter mon squat. Attendez là, j’arrive.» A côté, dans la file d’attente, comme tous les soirs, il y a des Afghans, Iraniens, Erythréens, Egyptiens, Syriens : environ 200 personnes au repas de l’association Salam, sous le vent et la pluie fine. Ils sont peut-être 300 dans la ville, environ 700 dans la région, selon les associations. Ils vivent dehors, ou dans des abris de fortune, en attendant de passer en Angleterre. Une partie a renoncé et demande l’asile en France. D’autres ont le statut de réfugié. Tous sont sans abri depuis la fermeture du centre de Sangatte aux nouveaux arrivants, il y a dix ans.

Les bénévoles tendent une barquette de riz chaud au thon, deux bananes, des paquets de dattes et de cacahuètes. La nuit, la vie se passe à courir, entre les camions du port et les rails du tunnel sous la Manche, ou à dormir sous un abri. Le jour, à marcher, de la «distrib» aux douches, des douches à l’hôpital, de l’hôpital au squat. Et puis à chercher un nouveau squat, à chaque fois que la police en ferme.